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Mon invité aujourd’hui, sur paginadepsihologie.ro, est philosophe, essayiste, historien de l’art, éditeur, podcasteur. Il est l’un des plus grands défenseurs de la pratique de la méditation en France, et toutefois, le fondateur de L’École Occidentale de Méditation depuis 2006. Parmi ses œuvres, on évoque: Rester serein quand tout s’effondre , Perdre sa peau! Devenez narcissique, Trois minutes de philosophie, Suis-je hypersensible?

Du bonheur, de la vulnérabilité, de l’hypersensibilité, de la comparaison avec les autres et bien plus encore, nous en avons discuté dans les lignes ci-dessous, dans l’interview #CeQueJeNeVeuxPasQueLesGensSachentSurMoi, avec Fabrice Midal.

Vous êtes philosophe et je Sais que le sujet est extrêmement vaste. Mais, de toute façon, qu’est-ce que c’est le bonheur, selon vous?

Peut-être faut-il commencer par dire ce que le bonheur n’est pas! Car nous nous faisons souvent une vision idéalisée du bonheur qui, en réalité, nous coupe du bonheur véritable. On imagine que le bonheur viendrait à partir du moment où tout irait bien, où on aurait un conjoint idéal, où nos parents et nos enfants seraient parfaitement aimants, où il ferait beau tous les jours, où le gouvernement serait efficace, où personne ne trahirait personne… Mais ce n’est pas la réalité! 

Nous sommes tous confrontés à des malheurs, à des frustrations, à des difficultés. Cela fait partie de l’existence. Le bonheur ne consiste pas à les éliminer, mais à essayer de faire quelque chose avec cela. Si nous ne sommes pas heureux, c’est d’abord parce que l’attitude que nous avons face à nos difficultés n’est pas juste. Nous cherchons à les contrôler, les éviter, lutter contre elles. Cette stratégie ne fonctionne pas. Il faut donc changer d’approche. Être heureux, ce n’est pas devenir indemne de toute difficulté, mais c’est trouver la bonne attitude face aux difficultés inhérentes à toute existence humaine.

Comment pouvons-nous le rendre accessible?

C’est en réalité beaucoup plus simple que nous le pensons. Plutôt que de chercher le bonheur dans un ailleurs qui n’existe pas, dans un futur qui n’adviendra jamais, mieux vaut le chercher ici, dans notre quotidien, dans la réalité de ce que nous vivons. Si nous y prêtons attention, nous avons en réalité plein de raisons d’être heureux. Posons-nous simplement la question: qu’est-ce qui, là, maintenant, peut me rendre heureux? Cela peut être simplement profiter d’un rayon de soleil, de jouer avec mon enfant, d’aller me promener avec mon chien, de lire un livre ou écouter un morceau de musique… Le bonheur est en réalité beaucoup plus simple et beaucoup plus accessible qu’on ne le croit!

© Fabrice Midal

Vous soutenez la vulnérabilité et l’ouverture face aux autres, même au prix du détachement de la propre identité. Dans quelle mesure l’image que nous projetons est-elle importante, même si elle ne nous convient pas?

Tout est une question de cadre et de limite. Donc la réponse ne peut pas être unilatérale. Il y a des moments où il est bon de baisser la garde et de montrer un vrai visage de nous-même. Et il y a d’autres moments où il faut remettre notre armure et nous protéger. Cela me semble vraiment très important d’apprendre à faire ça de la façon la plus pragmatique possible.

Prenons l’exemple du travail. Si je vois qu’un collègue est en difficulté et que cela nuit au travail et à notre collaboration, il peut être bon de montrer que, moi aussi, il m’arrive d’être en difficulté, que je ne suis pas aussi sûr de moi que je peux en avoir l’air. Dans ce type de situation, il est bon d’assumer notre vulnérabilité ; cela permet de renouer ou de renforcer la relation avec l’autre.

Mais si je suis face à un collègue qui visiblement me veut du mal et qui commence à être agressif avec moi. Alors là, pas question de montrer ma vulnérabilité ! Il me faut au contraire rester à ma place, tenir mon rôle et me protéger autant que possible de sa méchanceté.

Donc tout est une question de situation. Et il me semble tout aussi peu souhaitable de montrer notre vulnérabilité en permanence que de chercher à nous en protéger constamment.

Pensez-vous que nous sommes hypersensibles maintenant, par rapport d’autres temps?

Ce n’est pas ce que disent toutes les études qui ont été faites à ce sujet. Il y a toujours eu des hypersensibles, depuis tous temps et dans une proportion à peu près constante. Les hypersensibles sont indispensables à la survie des sociétés, même chez les animaux. Ce sont eux qui détectent les signaux faibles que les autres ne voient pas et qui permettent de surmonter les crises. Il n’y a pas plus d’hypersensibles aujourd’hui, simplement, et bien heureusement, nous les connaissons mieux, et en parlons davantage.

Est-il compliqué de garder son calme quand il y a beaucoup de „bruit“ en arrière-plan?

Pourquoi faudrait-il garder son calme en toute circonstance? Je ne crois pas du tout que ce soit une perspective très souhaitable!

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Si vous me posez la question, c’est sûrement que vous savez que je médite, que j’enseigne la méditation et que vous pensez que méditer vise à rester calme. Mais je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Méditer, dans l’expérience que j’en fais, et que j’essaie de partager, m’aide à être plus vivant. Il ne s’agit pas d’éteindre la vie en nous, mais, au contraire, de l’aviver et de retrouver cet allant qui nous permet d’avancer.

Moi, quand il y a du bruit chez moi et que cela m’empêche de travailler, je ne reste pas calme, je ne me contente pas d’accepter la situation, je cherche une solution pour qu’il y ait moins de bruit et que je puisse travailler plus sereinement. J’essaie de voir d’où ça vient, si je peux faire quelque chose pour que ça s’arrête. Et, si ce n’est pas possible, je vois si je peux trouver un endroit moins bruyant où aller, ou je mets un peu de musique pour faire diversion.

Il y a beaucoup de raison de ne pas rester calme dans la vie. Le monde souffre, il se passe plein de choses qui nous affectent et nous perturbent. La perspective spirituelle n’a jamais consisté à se tenir à l’écart de tout cela pour rester dans une sorte de sérénité absolue inatteignable et protégée de tout. Il s’agit au contraire de se laisser toucher par tout ce qui arrive et de trouver un chemin pour s’y relier avec le plus de justesse possible. 

Sommes-nous seuls dans les montagnes russes de la vie?

J’aime beaucoup cette question, parce que c’est une vraie interrogation à laquelle il est difficile de donner une réponse définitive. Quand ça ne va pas, et que la vie nous joue des mauvais tours, faut-il compter sur les autres pour nous en sortir ou faut-il se débrouiller tout seul?

Eh bien je crois que la réponse est double! Bien sûr, c’est toujours bon de pouvoir se sentir soutenu par les autres, par nos proches, nos amis, voir notre thérapeute quand cela est nécessaire. Nous sommes des êtres relationnels. C’est la relation que nous avons avec les autres qui fait que nous sommes ce que nous sommes et qui nous permet de nous épanouir. Donc, quand ça ne va pas, c’est bien d’avoir un regard extérieur qui puisse nous soutenir et nous aider à voir plus clairement la situation. Car bien souvent, nous sommes trop englués dans nos problèmes pour voir clairement de nous-même ce qu’il se passe.

Ceci étant dit, il ne faudrait pas non plus faire reposer tout le travail sur les autres. Il y a un mouvement que seul nous-même pouvons faire pour nous en sortir, pour nous ajuster à ce qu’il se passe et retrouver une forme d’équilibre. Et en ce sens, personne ne peut nous aider. Personne ne peut faire le travail à notre place. On peut recevoir tous les conseils, tous les soutiens, il n’en reste pas moins que nous sommes les seuls à pouvoir faire le pas décisif.

Vous dites que „se comparer est une tendance humaine typique“. Comment faire la paix avec soi-même, s’accepter tel que l’on est?

Il y a une chose formidable pour nous aider à faire la paix avec nous-même: c’est la pratique de la méditation.

Méditer, c’est simplement s’asseoir avec nous-même sans changer quoi que ce soit à ce que nous sommes et à ce que nous éprouvons. C’est un mouvement beaucoup plus radical que nous le pensons. Et je ne connais pas de meilleur moyen de faire la paix avec nous-même.

Dans la vie, nous sommes sans cesse en train d’essayer de nous corriger, de nous contrôler, d’être autrement que ce que nous sommes. Voilà enfin un espace où il n’y a rien à faire, rien à réussir, rien à transformer, juste être comme on est. Cela fait un bien fou!

© Fabrice Midal

La jalousie est-elle saine dans un couple?

La jalousie est souvent le signe que quelque chose n’est pas à sa place, qu’il y a un déséquilibre dans la relation. Nous croyons que la jalousie serait un signe d’amour et d’estime de l’autre. Au contraire, c’est le signe que nous désirons le posséder, qu’il ne soit rien qu’à nous. Nous voulons le privé de sa liberté.

Nous avons souvent l’illusion que l’amour procéderait d’une forme de fusion avec l’autre. Mais il faut accepter que, même dans l’amour le plus intense, il y aura toujours une part de l’autre qui nous échappe, que nous ne pourrons jamais contrôler. Cela peut faire peur – et de cette peur peut naître la jalousie. Mais c’est aussi très beau. Aimer, c’est avant tout souhaiter que l’autre puisse s’épanouir pleinement tel qu’il est, quitte à ce qu’il puisse potentiellement nous échapper.

 La plupart d’entre évite les conflits familiaux. Quel rôle ont-ils entre deux partenaires de vie?

Dans un couple, les conflits sont souvent des moments où la relation a besoin d’être réajustée. Ils nous font peur, car ils nous déstabilisent et ils remettent en cause les fondements-mêmes de notre couple. Mais, le plus souvent, ils sont une occasion de remettre les choses en ordre.

La vie d’un couple, c’est beaucoup une question d’habitudes. Nous avons à trouver un terrain commun sur lequel nous pouvons avancer ensemble. Et les habitudes sont ce terrain commun. Mais il arrive que l’un ou l’autre des partenaires évolue, que quelque chose change dans sa vie, qu’il prenne une autre direction. Alors, le terrain commun doit aussi évoluer, et, bien souvent, les habitudes doivent être changées. Cela peut se faire naturellement, mais cela peut aussi passer par le conflit, ce qui n’est ni mieux, ni moins bien. Quand un conflit survient dans notre couple, on peut paniquer, on peut s’inquiéter, mais on peut aussi se dire que c’est un signe que le couple a besoin de trouver de nouvelles bases pour prendre un nouvel essor. Si nous parvenons à surmonter le conflit, il en ressort toujours quelque chose de positif.

Bianca Sîrbu - contributor senior, jurnalist, lifestyle editor, om de bazã, pasionatã de comunicare, scris și materie cenușie.

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